Selon un enquête du Whashington Post du 12 avril, la Start-up OVIA, qui propose aux femmes de préparer et de gérer leur grossesse à l’aide d’une application mobile, commercialise les données intimes de ses utilisatrices à des sociétés privées.
Ovia, l’application mobile au service des femmes américaines
Ovia Health est une start-up US, fondée en 2012 et positionnée sur le marché de la FemTech qui propose aux femmes des solutions technologiques pour mieux gérer leur santé. Elle offre à ses utilisatrices, à travers une application mobile, des conseils de fertilité ainsi que des solutions pour suivre leur grossesse. Ovia s’attribue ainsi une réduction de 30% de naissance prématurée, une augmentation de la conception naturelle de 30% et une détection rapide des signes de dépression post-partum.
La tentation du Big Data
Bien entendu, pour proposer des conseils pertinents, l’application doit d’abord collecter auprès des utilisatrices une grand nombre de données intimes sur leur sommeil, leur régime alimentaire, leur humeur, leur poids, leurs rapports sexuels… Après la naissance, ce sont les informations concernant l’enfant qui viennent enrichir la base de données : compte-rendu d’accouchement, sexe et nom de l’enfant, courbe de croissance, du temps de travail,… Si vous faites une fausse couche, l’application vous demandera de détailler la date, le type de perte et surtout, vous offrira possibilité de réinitialiser votre compte pour commencer à envisager une nouvelle grossesse.
Outre l’intérêt de ces données pour le bon fonctionnement de l’IA de l’app, cette collecte d’information pourrait aussi avoir un réel intérêt clinique pour les organismes de santé ou les médecins.
En France, ces données seraient considérées comme des données de santé et donc soumises à des conditions de collectes, d’hébergement et de traitement très strictes avec généralement la garantie que celles-ci ne seront jamais transmises à des tiers privés. Mais aux Etats-Unis, il en va tout autrement et les conditions générales d’utilisation de l’app permettent à OVIA de commercialiser ces données à des entreprises.
Au-delà de l’intérêt médical, l’appât du gain
Seulement voilà, aux US, une grossesse est très couteuse (10000 $ en moyenne) et les frais médicaux sont souvent pris en charge par l’employeur ou une société d’assurance privée. On comprend donc immédiatement l’intérêt pour ces acteurs économiques de mieux anticiper les coûts et si possible de limiter les risques de complication lors de la grossesse. C’est probablement la raison pour laquelle Ovia a décidé de commercialiser les données de ses 10 Millions d’utilisatrices.
Les données sont censées être agrégées et anonymisées, mais plusieurs experts affirment qu’il est facile de recouper les informations et d’identifier les utilisatrices d’Ovia. « Le fait que la grossesse des femmes soit suivie de près par les employeurs est très perturbant », s’inquiète Deborah C. Peel, psychiatre et fondatrice de Patient Privacy Rights, une association de défense du droit à la vie privée des patientes. « Il y a tellement de discrimination contre les mères et les familles au travail, on ne peut pas leur faire confiance pour veiller à leur meilleur intérêt ».
Source : Washington Post