La Loi de Financement de la Sécurité Sociale (LFSS) pour 2025, définitivement adoptée par le Parlement, marque une avancée significative dans la transformation numérique du système de santé français. Parmi les mesures phares, l’accélération du déploiement du Dossier Médical Partagé (DMP), la généralisation de l’application carte Vitale et l’instauration de la « taxe lapin » pour lutter contre les rendez-vous médicaux non honorés. Décryptage des principales évolutions.
Un coup d’accélérateur pour le Dossier Médical Partagé (DMP)
Le DMP, outil central de la numérisation du parcours de soins, voit son utilisation encouragée par des mesures incitatives. Malgré la suppression des freins à sa création – désormais automatique et intégrée à Mon espace santé sauf opposition du patient –, son adoption reste encore en deçà des attentes.
Afin d’accélérer son usage, la LFSS 2025 prévoit désormais une modulation de la rémunération des professionnels de santé en fonction de leur consultation et de leur alimentation du DMP. Cette mesure s’étend aussi aux établissements de santé via le dispositif d’incitation financière à la qualité (Ifaq). En ligne de mire : un meilleur partage des informations médicales pour une prise en charge plus efficace.
La « taxe lapin » : responsabiliser les patients
L’un des ajouts les plus médiatisés de la LFSS 2025 est l’instauration d’une pénalité financière pour les patients ne se présentant pas à leurs rendez-vous médicaux sans prévenir.
Le texte prévoit que les professionnels et établissements de santé puissent exiger une compensation financière, sauf en cas de motif impérieux (raisons médicales, familiales ou professionnelles). Pour garantir la transparence, le patient devra être informé au moment de la prise de rendez-vous et recevoir un rappel préalable. Une pré-autorisation bancaire pourrait être requise pour permettre le paiement de cette pénalité, dont les modalités exactes seront précisées par décret.
Cette mesure vise à lutter contre un phénomène coûteux et pénalisant pour l’accès aux soins : les rendez-vous non honorés désorganisent les plannings et allongent les délais d’attente pour d’autres patients.
Généralisation de l’application carte Vitale
Autre mesure clé : la généralisation de l’application carte Vitale (ApCV) dès octobre 2025. Expérimentée dans 23 départements, cette solution numérique remplace progressivement la carte physique et offre un accès simplifié aux soins.
Pour garantir la sécurité du dispositif, son activation nécessitera France Identité Numérique, développée par le ministère de l’Intérieur. Une incitation financière est également prévue pour encourager les professionnels de santé à l’adopter.
À ce jour, 82 % des médecins libéraux et 86 % des pharmaciens disposent déjà d’un logiciel compatible. La LFSS 2025 prévoit également une modulation des rémunérations en fonction de l’acceptation de cette solution numérique par les professionnels.
Vers un système de santé plus numérique et encadré
D’autres mesures viennent renforcer la digitalisation du parcours de soins, notamment :
- Le contrôle de l’observance des dispositifs médicaux numériques, conditionnant leur remboursement à une utilisation effective par le patient.
- Le renforcement de la lutte contre les plateformes de prescription d’arrêts de travail en ligne, visant à limiter les abus liés à des sites étrangers facilitant l’accès aux arrêts maladie.
- Une meilleure traçabilité de la chaîne du médicament, avec l’obligation de renseigner le DP-Ruptures sous peine de sanctions financières.
Avec ces évolutions, la LFSS 2025 marque un tournant dans l’intégration du numérique en santé, cherchant à fluidifier le parcours des patients tout en responsabilisant les acteurs du système de soins.