En France plus de 10 millions de personnes souffrent d’arthrose et un grand nombre d’entre elles devront se faire poser une prothèse orthopédique dans les mois ou années à venir. C’est parce qu’il est passé par ces étapes qu’Arnaud Hacquin a décidé de concevoir une application mobile leur permettant de mieux vivre les différentes étapes de cette maladie chronique : Bodycontrol Program
En 2012, ce triathlète aguerri âgé de 42 ans, professeur de ju-jitsu termine son footing avec une légère douleur à l’aine qu’il assimile alors à une petite contracture ou au pire une pubalgie. Quelques mois plus tard, après des examens radiographiques et échographiques, tombe le diagnostic : c’est l’arthrose. Delors, durant 6 années, la maladie ne va faire qu’empirer au point d’altérer sa marche, son sommeil et plus généralement sa qualité de vie. En 2018, il capitule face à la douleur et décide de se faire poser une première prothèse à la hanche droite (une seconde suivra en 2019). Arnaud a donc découvert à cette occasion le parcours du patient arthrosique, ses doutes, ses interrogations, ses peurs, ses espoirs… Et il en a déduit qu’il était temps que le numérique (son domaine d’expertise) améliore la condition de ces patients avant et après l’arthroplastie.
Mieux vivre avec son arthrose
L’arthrose est une maladie chronique qui se caractérise par une destruction plus ou moins rapide du cartilage qui enrobe l’extrémité des os. Des excroissances osseuses finissent par se former et nuisent aux mouvements. C’est la maladie articulaire la plus fréquente. Elle survient de plus en plus tôt dans la vie. Les premiers symptômes apparaissent généralement à partir de 40-50 ans, mais la maladie commence souvent bien plus tôt. L’AFLAR estime qu’en 2030, 22% des français seront touchés par l’arthrose.
On ne guérit pas de l’arthrose (sauf miracle). Mais on peut tenter d’en réduire les symptômes (la douleur et la limitation de mouvement) grâce à la pratique d’exercices physiques adaptés et à une bonne hygiène de vie. Encore faut-il être bien conseillé dans un monde où la maladie est un marché et où des tas d’acteurs sont prêts à vous vendre leur potion magique médicamenteuse ou végétale.
Bien conseiller le patient arthrosique, mieux l’informer grâce à un flux d’information vérifié par un comité scientifique et médical, tel est la première vocation de l’application Bodycontrol Program. La seconde est de proposer des programmes d’exercices adaptés à la situation de chacun et chacune.
Une solution qui s’inscrit dans la logique de la RAAC
En France, ce sont plus de 500 prothèses qui sont posées chaque jour par les chirurgiens orthopédistes et ce nombre augmente de 5% par an environ. En cause, l’obésité croissante et le vieillissement de la population mais aussi certaines pratiques sportives excessives.
Cette opération, à l’apparence miraculeuse est devenue banale. Elle se pratique désormais en ambulatoire et dans la majorités des cas le patient est renvoyé dans son foyer au lendemain de l’opération… sans prescription de kiné dans 30% des cas. Cette méthode qui date des années 90 nous vient du Danemark. Elle a un nom : la RAAC (Récupération Améliorée Après Chirurgie). Recommandée par la HAS, cette méthode nécessite la mise en place de nouvelles méthodes de travail dans les hôpitaux parfois incompatibles avec le manque d’effectif ou de temps.
Dans la pratique, il faut reconnaitre que la RAAC se traduit par un désengagement des établissements de soins, plus soumis à la pression de la rentabilité que du résultat. Le résultat, justement, se traduit par un manque de prise en charge du patient après son retour à domicile. Une situation que tente de palier les nombreuses solutions de e-santé mis en place par les acteurs du marché.
Avec Bodycontrol Program, Arnaud Hacquin espère bien accompagner le patient de la déclaration de son arthrose jusqu’à la phase de rééducation post opératoire. Le préparer à l’opération grâce à des exercices d’étirement puis le conseiller sur les gestes à éviter pour ne pas luxer sa nouvelle prothèse, sur la façon de monter en voiture ou de nouer ses lacets… Des programmes d’exercices conçus par des kinésithérapeutes seront ainsi proposés afin de faciliter la récupération voir la reprise sportive pour les plus jeunes d’entre eux.
L’application doit permettre aussi au patient d’évaluer son niveau de douleur, sa pratique thérapeutique et de mesurer la corrélation entre les deux. Pour cela, il déclare tous les jours son niveau de douleur et peut utiliser ses objets connectés afin de collecter des données (poids, tension, nombre de pas…) en toute sécurité car ces informations resteront confidentielles et ne seront en aucun cas vendus de façon nominative à des organismes tiers.
Une start-up early stage en recherche d’investisseurs
Incubé par Unitec et membre de la FrenchTech, la start-up développe actuellement son MVP (minimum viable product) grâce au soutien financier de la Région Nouvelle Aquitaine. Celui-ci sera mis en test à la Clinique du Sport et au centre de l’arthrose de Mérignac en fin d’année. Une campagne de financement participatif est par ailleurs en cours sur la plateforme KissKissBankBank. Enfin la strat-up est à la recherche de partenaires pour financer son développement à venir. Avis aux investisseurs qui voudraient mettre un pied, voir les deux, sur le marché de la e-santé…